Colloque 2023

L’Est en guerre: espace, sociétés et mémoires dans le couloir des invasions (1870-1945)

Colloque organisé à Charleville-Mézières (Ardennes) les 20 et 21 octobre 2023

par la Société d’histoire des Ardennes

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Résumé

L’histoire des batailles a depuis longtemps retenu l’attention des historiens. Toutefois la guerre connaît un renouvellement historiographique important depuis les années 1990 (N. Offenstadt, L’Historiographie, collection Que sais-je ?, 2011). Au-delà des seuls aspects proprement stratégiques ou tactiques, les historiens en explorent maintenant les multiples dimensions politiques, économiques, sociétales ou mémorielles. Les violences exercées sur les corps et les esprits invitent les historiens à pénétrer dans l’intimité des individus ou des groupes de populations meurtris. Le département des Ardennes, et plus largement les espaces transfrontaliers du Grand Est dont le fameux « couloir Luxembourgeois » (général M. Weygand, 1933), théâtres des guerres de 1870-1871, 1914-1918 et 1939-1945, offrent un champ d’investigation privilégié pour repenser la guerre dans des problématisations transversales et renouvelées. La Société d’histoire des Ardennes propose aux chercheurs de différents horizons, historiens, géographes, archéologues, sociologues, un colloque pour venir échanger sur le thème L’Est en guerre : espace, sociétés et mémoires dans le couloir des invasions (1870-1945).

Ce colloque s’inscrit d’emblée dans une approche comparative des différentes situations dans le temps et l’espace des trois conflits. Pour autant, les communications ne portant que sur un aspect propre à un conflit ne sont pas à négliger.

Le colloque s’articulera autour de trois sessions.

Session 1. Un espace de conflits : trois guerres sur une frontière

Les caractéristiques du milieu géographique de la région étudiée tout comme sa situation frontalière pèsent sur le déroulement des conflits. Les lignes de crêtes, le couvert forestier, les cours d’eau et vallées ont contribué aux partis-pris stratégiques des plans d’attaque ou de défense. Dans cette première session, on s’attachera particulièrement à mettre en relation ces caractéristiques géographiques et géopolitiques avec la préparation et le déroulement des conflits. L’exploitation des ressources disponibles, par réquisitions ou prédations dans ces zones de conflit, revêt une importance stratégique pour le front ou l’arrière. L’espace nourrit ici la guerre à bien des égards. Les études des lignes de défense au caractère obsidional affirmé tout autant que celles des stratégies offensives, des sièges, ont toute leur place dans ce premier moment d’échanges. Les communications peuvent articuler tant les échelles géographiques que les niveaux d’opérations, tactique, opératif et stratégique. Un questionnement de la notion de couloir d’invasions dans le temps long serait bienvenu.

Session 2. Les populations et la guerre : subir, cohabiter, participer

La guerre impacte autant les populations que les territoires. Fuir ou demeurer, collaborer ou résister sont autant d’attitudes à questionner pour expliquer la diversité des comportements collectifs ou individuels, le poids des contraintes matérielles, psychologiques ou politiques qui pèsent sur les populations plongées dans le maelstrom de la guerre. L’approche comparative peut être riche de mises en évidence de permanences et de changements entre les trois conflits. Les contributions sur le quotidien de l’occupation, les formes de collaboration et de résistance en face de l’ennemi mais aussi celles sur la vie des prisonniers de guerre ou les violences faites aux civils auront toute leur place dans cette seconde session. La libération des territoires occupés constitue aussi un moment fort. Les modalités diffèrent selon les conflits, mais les fêtes qui scandent ce soulagement collectif ne sauraient être totalement détachées de vieilles pratiques ancrées dans une culture rurale longue. Les rituels d’inversion ou de purification donnent lieu à des dérives plus sombres parfois encouragées par les autorités politiques restaurées ou autoproclamées.

Session 3. Mémoires et patrimonialisation : une anamnèse compliquée

La guerre dans l’Est de la France demeure un jalon douloureux mais incontournable de l’Histoire de ses sociétés. Sa mise en récit tout comme son intégration à un patrimoine commun forment un grand roman dans lequel la population puise son identité. Cette troisième session questionne de manière critique cette écriture de l’Histoire. Le « dire la guerre » est autant une affaire de culture savante que de souvenirs villageois. Leprocessus de collecte de sources orales ou écrites dans le but d’établir les preuves des violences commises ou dans celui de rassembler des objets souvenirs de ces conflits, aussi bien supports de la mémoire qu’objets de collectionnisme intégrés dans un marché parfois spéculatif à la faveur des anniversaires, est un axe fort de cette session. La patrimonialisation des champs de bataille, des nécropoles militaires ou des lieux d’exactions qui contribue à la construction d’un espace du souvenir où se mêlent vieilles rancœurs et nouvelles amitiés en est un autre.

Modalités de l’appel à communication

Durée des interventions : 20 minutes + 10 minutes de discussion

Date limite de proposition des sujets de communication : 15 décembre 2022

Programme : 2 jours / 3 sessions

La prise en charge des frais d’hébergement et de restauration des intervenants ainsi qu’une prise en charge forfaitaire des frais de transport seront assurées par la Société d’histoire des Ardennes.

Soumission des propositions

Les propositions de communication comportant un titre et un résumé d’environ 2 000 signes, les coordonnées complètes de l’intervenant (nom, prénom, fonction et rattachement institutionnel, courriel, adresse postale du domicile, téléphone) doivent être envoyées en français (fichier attaché en format word .doc ou .docx, ou bien .rtf ou .pdf), à l’adresse suivante : colloque.sha@gmail.com

Comité d’organisation

Anne François, professeure agrégée d’histoire-géographie, docteure en histoire

Philippe Moyen, professeur agrégé d’histoire-géographie, doctorant en géographie

Florent Simonet, secrétaire général de la Société d’histoire des Ardennes

Comité scientifique

Xavier Chevallier, président de la Société d’histoire des Ardennes

Léo Davy, directeur des archives départementales des Ardennes

Sébastien Haguette, président de la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais

François Rouquet, professeur des universités, université de Caen-Normandie

Stéphane Tison, maître de conférences, Le Mans université

Fabrice Virgili, professeur des universités, directeur de recherche au CNRS